things we lost in the fire + Lennon

Tu ne sais pas comment tout t'a échappé. Tu ne sais pas comment tu as fait pour devenir ce que tu es aujourd'hui. Un gamin paumé. 23 piges, et pas d'avenir. La peur au ventre, le reste d'un sourire au coin de tes lèvres, l'œil vif mais glaçant. Tu as perdu ta joie de vivre, tu as perdu ce que tu étais au début. Tout ça à cause de quoi? Tout ça à cause de choses qui t'ont échappé, tout ça parce que tu n'as pas su contrôler. Parce que tout t'es arrivé d'un coup. Allez Lennon. Respire. Les choses iront mieux pour toi. Mais avant, tu dois réapprendre à vivre. Et surtout, tu dois respirer. Respire. Respire. Respire...

J'ouvre les yeux. Rien n'a changé. Je suis toujours là, allongé sur mon lit, dans une chambre de mon manoir. Ce manoir, je l'ai trouvé. Du moins je m'y suis réveillé un matin, le lendemain d'un soir de pleine lune. Il était délabré, et je l'ai remis en état. Je m'en suis occupé, et jamais personne n'est venu me le prendre. Certains disaient qu'il était hanté, mais je n'y avais jamais cru. Peeves aurait pu me rendre visite, ça ne m'aurait rien fait. L'important, c'était que mon père ne vienne pas, c'était qu'il ne me retrouve pas. Je ferme les yeux. Parce que je ne veux pas voir. Je ne veux pas la voir l'endroit où je vis, ce que je vis, ce que je suis devenu. Je tourne dans mon lit. J'aimerai revenir au commencement, mais ça me paraît impossible. Où tout cela a commencé? A quel moment suis-je devenu... ce que je suis?
Mon père avait fondé tous ses espoirs sur moi. Parce que j'étais l'aîné, mais aussi parce qu'il avait toujours voulu avoir un fils. Ma mère, elle, n'avait jamais son mot à dire. Elle était toujours là, à acquiescer, et ne donnait jamais son avis. Je me suis souvent demandé si elle n'était pas muette. En réalité, elle s'était mariée de force à mon père. C'était une Weasley, et elle était contre le mariage forcé. Mais étrangement, elle est tombée amoureuse de lui, et n'a jamais pu s'en détacher. Alors mon père décidait de tout au manoir. Ma mère n'avait rien à dire. Et quelque part, c'est son air distant qui m'a permis de rester lucide. Mon père nous a toujours menti. Les sang-purs ne valaient pas plus que d'autres sangs. Mais j'ai compris qu'on ne devait pas dire ce qu'on pensait réellement. Ma petite sœur aussi a compris. Et ma mère aussi savait. Alors en silence, avec des regards, on se soutenait lorsqu'on pensait différemment que notre père.
J'étais très bon élève. J'étais même surdoué. Je savais tout faire avant les autres, tout simplement parce que je m'entraînais constamment. Sur tout et n'importe quoi. Sur ma sœur aussi. C'était un jeu entre nous. A chaque fois que nous nous croisions, elle devait éviter mes sorts. De nombreuses fois, elle s'est retrouvée dans les couloirs de Poudlard avec une queue de cochon. J'eus un sourire. C'était le bon souvenir. J'avais des amis à l'époque. Du moins, j'acceptais d'en avoir. Je soupirais. Je n'aimais pas cette vie.
Et puis il y avait eut ce soir là. Mon père avait essayé de faire comprendre à Saul qu'elle ne devait pas avoir un copain sang-mêlé. Elle ne cessait depuis quelques jours de parler de ce garçon, si fantastique. Et elle ne s'était pas renseigné sur la nature de son sang. J'aimais ma sœur, elle était comme quoi. Je n'avais rien à dire. Je souriais juste. Mais elle, elle partit en pleurant. Et je n'eus pas le temps de la rattraper. Elle s'était enfoncé dans les bois. Il faisait froid. Nous devions rentrer. J'hurlais son prénom. Et j'entendis un bruit. Deux secondes plus tard, une masse épaisse était sur moi. Je tentais de me débattre, mais je sentis ses crocs enfoncer ma peau. Je hurlais de douleur. Et j'entendis alors une voix féminine, celle de ma sœur. Elle venait de repousser le loup-garou. Elle s'approcha de moi et transplana. Je ne savais même pas qu'elle savait faire cela. Elle m'emmena dans un endroit sur, je ne sus jamais où. Mais cette nuit là je souffrais. Une morsure avait enfoncé ma peau sur mon torse. Et encore aujourd'hui, je pouvais, avec mon doigt, tracer le contour des dents de mon agresseur sur ma fine cicatrice. Personne ne sut pour ce soir là, mais ma sœur me promit de me protéger. A chaque pleine lune, et à chaque instant de ma vie.
Le massacre d'Hyde Park fut organisé. Mon père m'y emmena. Il voulait à tout prix que j'aille à cette réunion de pro sang-pur (que j'appelais réunion des boloss - boloss vient du langage moldu. Ca veut dire des bouffons) et que je vois ce que c'était de s'engager. J'ai vu. Une minute et deux secondes, et j'ai transplané. Ils tuaient, partout, de tous les côtés. Des moldus tombaient les uns après les autres, habillés de leurs vêtements de fanatiques, et personne n'était là pour les sauver. Un instant, je voulus tout arrêter, essayer de les aider. Mais j'étais trop faible face à ce groupe de taré. Je paniquais, et je transplanais. Mais mal. Ma cape y resta. Cette cape qui avait caché mon identité aux autres sang-purs, mais qui trahissaient d'où je venais : un B, cousu en noir sur un écusson rouge. La famille Black. Il y est resté, et à cet instant, j'ai su que je devais me cacher, pour que personne ne me retrouve. Pour qu'on ne me punisse pas. J'ai été naïf, j'y étais, et je n'ai rien fait. Mon père a lancé des recherches pour me retrouver, mais tout le monde autour de moi me protège, car tout le monde sait quel pouvoir a Monsieur Black sur sa famille. Ils savent que je le crains.
Je noie ma tristesse, mon impuissance dans la débauche. Je ne compte plus les jours. Seulement les pleines lunes. Et j'attends que quelque chose arrive. Que quelque chose se passe. Mais dès qu'il faudra prendre la baguette et se dresser face aux pro sangs-pur, je le ferai. Et je le tuerai. Oui. Je tuerai mon père.